Enjeu n°1 : Qualité de l’eau et satisfaction des usages tributaires

  • Contexte :

L’enjeu principal du SAGE porte sur l’amélioration de la qualité des eaux littorales, du fait de la présence d’activités économiques directement affectées par la qualité des eaux (conchyliculture, pêche…) en rade de Brest. Les principales perturbations sont causées par la contamination bactériologique et par les manifestations d’eutrophisations (marées vertes, blooms phytoplanctoniques).
La qualité des eaux douces constitue également un enjeu qui réside dans la maîtrise des pollutions (accidentelles, par pesticides, par les micro et macro polluants).
Les objectifs retenus pour cet enjeu sont :

  • L’atteinte les objectifs environnementaux du SDAGE Loire-Bretagne,
  • La satisfaire des besoins des usages littoraux (réduction des contaminations bactériologiques et des phénomènes d’eutrophisation),
  • Réduire l’impact des pollutions sur l’usage d’eau potable.

Pour cet enjeu, le tableau de bord contient 26 actions réparties dans 6 thématiques :

1 – Bactériologie

La qualité bactériologique des cours d’eau

Depuis 2008, des suivis de la contamination bactériologique fécale (Escherichia coli) des cours d’eau sont réalisés sur les bassins versant de l’Estuaire de l’Elorn, de la Rivière de Daoulas, de l’Anse de Penfoul et du Lac du Drennec. La pérennité de certaines activités, aussi bien économiques que récréatives, telles que la conchyliculture, la baignade ou encore la pêche à pied nécessite une bonne qualité bactériologique des eaux, et le respect de la réglementation.
Compte tenu du niveau de qualité requis, le SAGE a défini des objectifs chiffrés et datés sur la qualité bactériologique des eaux littorales :

  • En 2015 : un objectif de classe A (soit de 230EC/100g de CLI) pour les coquillages non fouisseurs,
  • En 2021 : un objectif de classe A pour les coquillages fouisseurs,
  • En 2015 : un objectif de classe B+ (soit un seuil maximal de 2500 EC/100gr de CLI) avec une tolérance de dépassement de 10 % pour les coquillages fouisseurs.

Les contaminations bactériologiques des cours d’eau peuvent être d’origine :

  • Humaine (rejets/ fuites des assainissements collectifs ou individuels),
  • Agricole (fuites depuis les exploitations, épandages, parcours du bétail, abreuvements directs aux cours d’eau…),
  • Naturelle (lessivage des sols lors des fortes pluies…).
Qualité bactériologique des cours d'eau 2010 - 2016

Pour aller plus loin…
Les données sur le niveau de contamination bactériologique de la rade de Brest sont disponibles sur le réseau REMI (réseau de contrôle microbiologique des zones de production de coquillages) sur le site de l’Ifremer consacré à l’environnement du littoral.

Le suivi de la qualité des eaux de baignades

Carte Interactive du Ministère de la Santé

Pendant toute la saison estivale, Brest métropole et les communes littorales mettent en œuvre le plan de gestion préventive des risques sanitaires qui garantit une protection quotidienne des baigneurs grâce à une analyse, chaque matin, des eaux de baignade. Cette analyse permet de détecter les risques potentiels de pollution et d’interdire la baignade si nécessaire. L’interdiction de baignade est affichée en mairie et sur les sites concernés.
En 2017, les résultats montrent un bon état général de la qualité des eaux de baignade sur le territoire avec tout de même une certaine fragilité qui persiste en Rade Nord.

Le Saviez-vous ?

L’Agence Régionale de Santé (ARS) effectue un classement annuel de la qualité des eaux de baignades de chaque plage. Les données sont disponibles sur le site internet du Ministère de la Santé.

2 – Eutrophisation

La réduction des flux de Nitrates

Le SAGE a fixé un objectif d’atteinte :

  • d’une concentration moyenne en nitrates de 22 mg/l sur l’ensemble des exutoires des principaux cours d’eau d’ici 2021.
  • d’un flux de nitrate annuel de 10 200T/an sur l’ensemble du bassin versant du SAGE (4 200T sur celui de l’Elorn)

Le suivi de la qualité de l’eau s’appuie sur des mesures effectuées par le Syndicat de Bassin de l’Elorn et Brest Métropole.
Depuis 2004, tous les sous-bassins versants ont vu leur concentration en nitrates baisser. Les flux annuels de nitrates restent néanmoins encore en dessous des objectifs.

 

D’où viennent les Nitrates en Bretagne ?

Les Nitrates proviennent essentiellement des activités agricoles, notamment de l’épandage d’engrais azoté d’origine minérale ou organique issu des déjections animales. L’eau chargée en nitrates ruisselle depuis les champs, s’infiltre dans les nappes souterraines et rejoint les rivières puis la mer.
Les eaux usées domestiques et industrielles contiennent également des nitrates, mais ils sont aujourd’hui presque entièrement éliminés par les stations d’épurations avant que l’eau ne soit rejetée dans la nature.

3 – Pollutions accidentelles

Un suivi annuel

Le SAGE prescrit la réalisation d’un suivi annuel afin d’évaluer l’efficacité des actions menées pour diminuer le nombre de pollutions accidentelles enregistrées sur le bassin. Ces pollutions sont pour la plupart des déversements d’hydrocarbures et de lisiers d’origine industrielle ou agricole qui peuvent entraîner des conséquences importantes sur la faune ou un arrêt de la production d’eau potable.
De ce fait, plusieurs actions sont menées à l’échelle du périmètre du SAGE :

  • Les gestionnaires des zones industrielles ou militaires doivent réaliser un diagnostic global du réseau de collecte et du stockage des eaux pluviales orienté vers la maîtrise des risques de pollution accidentelles ;
  • Les collectivités engagent des actions de sensibilisation des particuliers, usagers d’un dispositif de stockage de fioul ;
  • Les stations d’épuration (STEP) situées en amont de l’usine d’eau potable de Pont Ar Bled ainsi que les exploitations agricoles réalisent un diagnostic spécifique au risque de pollution accidentelle.

Sur la période 2014/2015, 8 pollutions accidentelles ont touché le bassin versant de l’Elorn dont 2 ont provoqué une mortalité de poissons et un arrêt d’une station de prélèvement d’eau potable. 

4 – Pesticides

Le “zéro phyto”

L’entretien des espaces urbains utilise parfois une quantité importante de produits phytosanitaires, en majorité des herbicides (entretien des espaces verts pour des raisons esthétiques, désherbage de la voirie pour des raisons de sécurité…). Ces espaces dont le revêtement est le plus souvent imperméable favorisent le ruissellement des polluants et leur transfert vers les cours d’eau.
La diminution puis la suppression de l’usage des produits pesticides par les collectivités publiques constitue un levier d’action important pour la protection de la ressource en eau.

Le SAGE a fixé pour 2015 :

  • La suppression totale de l’emploi d’herbicides sur les zones imperméabilisées,
  • La suppression totale de l’emploi de tout « produit phytosanitaires de synthèse » sur au moins la moitié des communes du territoire du SAGE.

Depuis le 1er janvier 2017, la loi Labbé impose aux collectivités l’interdiction d’usage des produits phytosanitaires. Les cimetières et terrains de foot ne sont toutefois pas concernés par cette loi.

Pour atteindre les objectifs du SAGE, une charte communale de désherbage a été mise en place afin de sensibiliser les collectivités à la problématique et engager les communes vers une démarche zéro-phyto. Depuis la loi Labbé, une animation reste nécessaire afin de conseiller sur les pratiques alternatives au désherbage chimique et inciter l’arrêt d’utilisation sur les cimetières et terrains de foot.

``Brosse de désherbage porte outils`` utilisé dans la commune de Loperhet
En 2018, 50% des communes en zéro phyto

5 – Autres micropolluants

La contamination métallique des sols

Les micropolluants sont des substances minérales ou organiques qui, même à de très faibles concentrations, peuvent être toxiques pour l’Homme et/ou les écosystèmes.
Regroupant plusieurs familles (métaux, hydrocarbures, composés organiques volatils, pesticides…), ils peuvent être d’origine industrielle, agricole ou domestique. Leur utilisation ainsi que leur rejet via les stations d’épuration entraînent leur présence dans les milieux aquatiques.

Compte tenu des risques qu’ils présentent pour les écosystèmes aquatiques, le SAGE de l’Elorn prescrit d’améliorer la connaissance sur le niveau de contaminations des sols et des risques d’entraînement sur la qualité de l’eau.

En fonction des résultats des campagnes de mesures réalisées en application des programmes de surveillance de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), le Syndicat de Bassin de l’Elorn peut engager une campagne de mesures complémentaires qui sera présenté à la CLE. En fonction des résultats obtenus avec cette dernière, la CLE aura la charge de décider d’un programme d’actions complémentaire visant à réduire les risques d’entraînement de métaux vers les cours d’eau et les nappes.

La Rade de Brest est soumise à des risques multiples de contaminations par micropolluants pouvant amener à des interdictions de pêche/ramassage/vente :

  • toxines libérées lors de blooms de certains phytoplanctons
  • contaminations métalliques (plomb, cadmium, mercure, zinc, cuivre… provenant en majorité de l’Aulne) et organiques (HAPs provenant en majorité de la région brestoise)

6 – Macropolluants

Les macropolluants rassemblent les particules organiques en suspension, les matières organiques et les nutriments comme l’azote et le phosphore. Présents naturellement dans l’eau, on les retrouve également dans les rejets d’eaux usées (industriels, domestiques) ou en provenance de pratiques agricoles. A des concentrations élevées, ces derniers présentent des risques pour la santé humaine et perturbent le fonctionnement des milieux aquatiques.

Sur certaines stations d’épuration du territoire, la qualité des rejets au milieu naturel s’avère incompatible avec l’acceptabilité du milieu et avec l’atteinte du bon état écologique ou bon potentiel des masses d’eau.

Le SAGE de l’Elorn prescrit donc aux gestionnaires concernés de réaliser les adaptations nécessaires sur les filières de traitement de ces stations dans un délai de cinq ans suivant l’approbation du SAGE.

Parmi les sept stations d’épuration identifiées comme nécessitant prioritairement des travaux sur le territoire, en 2017, quatre se sont misent aux normes et deux débutent les travaux. Un suivi devra également être mis en place pour s’assurer que les stations d’épuration maintiennent des rejets compatibles avec l’acceptabilité du milieu naturel.