Roland Hallegouet est producteur de pomme de terre sur Guipavas, il vient d’être nommé président de l’association Sol d’Armorique. C’est une association d’agriculteurs et de citoyens pour la préservation de la vie des sols en Armorique. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous présente l’association :
Roland , pouvez vous nous présenter votre activité?
J’ai rejoint mon frère, Nicolas, sur la ferme en 2016. On produit des pommes de terre primeurs et de conservation. Nous cultivons au total 32 ha : 10 ha en pomme de terre (2ha de primeur et 8 de conservation) et 22 ha de blé de printemps et d’hiver. Nous vendons tout en vente directe, les pommes de terres sont vendues à des restaurateurs, à des magasins fermiers et à quelques particuliers. Les céréales sont vendues à un éleveur de porcs du territoire qui pratique aussi le semis direct.
Depuis quand pratiquez vous l’agriculture de conservation des sols?
Mon frère a commencé en 2002, puis en 2009, nous nous sommes équipés pour faire du semis direct sous couvert végétal. Notre problématique, c’est que nous avons une rotation courte de 3 ans, nous ne voulons pas faire d’échange car nous souhaitons connaître parfaitement les parcelles, leurs antécédents pour maîtriser au mieux la gestions des repousses, le parasitisme et les adventices.
Pour synthétiser, sur 36 mois, la pomme de terre est présente 5 mois soit 14% du temps. Le reste du temps, grâce à la technique du semis direct, de la couverture du sol permanente, des variétés des couverts, nous gérons le sol avec le principe suivant : Nourrir le sol pour nourrir la plante.
Cliquez pour en savoir plus sur les techniques mises en place sur la ferme!
Vous êtes depuis peu le nouveau président de l’association Sols d’Armorique. Pouvez vous nous présenter l’association, ses objectifs?
Cette association a pour but de réunir tous les agriculteurs qui pratiquent l’agriculture de conservation des sols ainsi que des citoyens convaincus par cette technique. Notre aire d’intervention va de la pointe du Raz aux mont des Avaloirs. On y trouve des agriculteurs du groupe TCS 29*, de Sol Vivant 35, des adhérents de BASE* ainsi que de l’APAD*. Notre objectif est de promouvoir l’agriculture de conservation, de partager nos expériences, d’enrichir les débats. Aujourd’hui, certains adhérents pratiquent depuis 20 ans le non-labour, d’autres s’y mettent depuis 6 mois, se regrouper facilite la transmission des savoir faire, des connaissances.
Nous souhaitons travailler en partenariat avec les bassins versants, les institutionnels, les organismes agricoles,…. Il est important pour nous de véhiculer les bénéfices environnementaux de cette technique notamment par rapport aux problématiques d’érosion des sols ou encore de biodiversité.
Quelles vont être vos axes de travail pour 2018?
Nous sommes en train de monter un GIEE pour valoriser l’agriculture de conservation et en savoir plus sur ses effets sur l’environnement, la biodiversité, la qualité de l’eau. Aussi, nous étudierons de plus près les PSE (paiement des services environnementaux), notre technique contribue à stocker le carbone dans le sol, même si nous ne comptons pas la dessus pour la viabilité économique de nos entreprises, ça peut être un plus.
Pour finir, je voulais savoir comment vous réagissez par rapport à la possible interdiction du glyphosate?
Je vais être honnête, aujourd’hui nous ne sommes pas capables de travailler sans. On l’utilise pour réguler nos couverts . Nous avons le soutien des pouvoirs publics pour continuer de l’utiliser, le temps d’expérimenter, de trouver des alternatives.
*TCS 29 : Technique culturale simplifiée du Finistère, groupe d’agriculteurs porté par la Chambre d’agriculture ; BASE : Biodiversité, Agriculture, Sol et Environnement, association pour la conservation des sols ; APAD: réseau national d’agriculteurs et de techniciens pour développer l’Agriculture de Conservation des Sols
Propos recueillis par Nolwenn Le Gac-Tobie